samedi 21 avril 2018

L'île des Dieux


Bali, joyau de l'archipel indonésien, s'offre à moi via le hublot de l'avion. Après m'être posé à l'aéroport de Denpassar, je découvre la forte agitation locale dans la moiteur de ce début de soirée. L’Indonésie c'est prés de deux cent soixante cinq millions d'habitants. C'est la quatrième population de la planète derrière les milliardaires asiatiques que sont l'Inde et la Chine et juste après les États Unis. L’Indonésie c'est donc quatre fois la population française ou encore la moitié de l'Europe. Ça fait du monde. A Bali on ressent cette densité. Trois millions de locaux et autant de touristes sur l'année ça se remarque sur une île pas si grande que ça. Les distances sont courtes et les routes très correctes mais cette densité de population rend chaque trajet interminable.



C'est une des raisons qui m'a poussé à choisir mon premier camp de base proche de l'aéroport. Kuta, au nord, est le spot touristique. Ambiance bar et surf. Mais dur de commencer par là. J'opte donc pour Djimbaran au sud. Une très belle plage que je trouve pourtant déserte le lendemain vers 10h. Il est vrai que l'endroit est balayé par de forts rouleaux et quand on s'approche un peu on découvre une eau pas forcément très propre. Exit la baignade. Je longe la plage vers le nord et arrive sur une zone de marché. Ça sent fort le poisson. C'est ici qu'on approvisionne la multitude de restaurants qui longent la plage et ancrent leurs tables dans le sable. C'est effectivement le soir, pour le coucher de soleil que les lieux sont très agréables. Si le matin j'étais seul, maintenant les bus déversent des dizaines et des dizaines de touristes sur le sable encore chaud. Pendant que toute le monde se selfise au bord de l'eau, je goûte, attablé, ma première Bintang (la bière locale) tout en profitant du spectacle pointant à l'horizon. Plus au sud de l'île, c'est le temple d'Uluwatu qui fait office d'aimant touristique. Petit temple posé sur une corniche. On a une belle vue sur les falaises. Le temple, en lui-même, n'a rien d'extraordinaire mais la multitude de singes qui se promènent autour des pierres rend l'endroit plus folklorique. De temps à autre, on entend des petits cris aiguës de touristes qui se font dérober bouteille ou casquette par les chimpanzés.





A trente bornes de là, mais une bonne heure et demie de voiture, me voilà à Ubud, au cœur de l'île. Ubud est la capitale culturelle. L'endroit idéal pour rayonner sur les environs. L'occasion de pouvoir commencer à s'imprégner de ce qu'est réellement Bali. Si l'Indonésie est majoritairement de confession musulmane, Bali quant à elle est tournée vers l'hindouisme. Mais un hindouisme bien particulier mêlant également culte des ancêtres et rites bouddhistes. Le sacré a ainsi une place de choix dans la vie quotidienne. Il y a des temples partout (plus de cinq milles sur l'île), les balinais place des petits plateaux d'offrandes aux dieux (fleurs, encens, monnaie...) chaque matin devant leurs maisons et commerces. On se promène ainsi constamment autour des statues de Brahma, Vishnou et Shiva ; et on croise régulièrement des cérémonies de bénédictions. Bref, on comprend rapidement pourquoi Bali est surnommée l'île aux Dieux. Le respect des rituels est primordial. A l'entrée de chaque temple, les touristes sont priés de revêtir des sarongs pour se couvrir les jambes. 




Je consacrerai deux journées (via des tours organisés) pour faire le tour des plus emblématiques édifices. Une belle ballade culturelle qui offre de beaux paysages entre les rizières, la forêt tropicale, les lacs et le massif volcanique central. Même si les temples se ressemblent forcement dans leurs structures, ils offrent tous des environnements et des dispositions différentes ce qui procure à chacun une identité assez unique. Tantôt en bord de lac ou sur un piton rocheux planté dans la mer, tantôt au pied de la montagne ou caché dans la dense végétation et gardé par des singes. Pour ce dernier, les traits de lumières qui transpercent le plafond de feuilles offrent un jeu de clair obscur et on s'amuse à observer les silhouettes des primates s'aventurer sur les pierres du temple recouvertes de mousse. Sans la foule alentour, on pourrait se prendre pour Indiana Jones. Pour le coucher du soleil, le premier jour, nous sommes à Tanah Lot au bord de la mer. A la tombée de la nuit, sous un ciel teinté de rose, on observe dans un boucan de battements d'ailes, des milliers de chauve souris sortir de leurs grottes. A Tirta Empul, ce sont les balinais qu'on surprend en train de se baigner dans des bassins d'eaux sacrées et réaliser d'étranges rituels. Le clou de la visite sera Pura Besakih ou le temple « mère », posé au pied du mont Agung, le plus haut sommet de l'île. La foule s'y presse en habits traditionnel, cheveux tressés, sarongs et chemisiers colorés pour les femmes, chemises blanches et udeng (sorte de turban) pour les hommes. Au pied de l'imposante flopée de marches, on observe les balinais, tels des fourmis, gravir les escaliers de pierre chargés de leurs offrandes.





















Je passerai ma troisième journée à Ubud pour découvrir la ville et sa jolie végétation urbaine. Ballade sur une crête le matin pour se promener entre les rizières. Musée en début d'après midi pour découvrir les jolies peintures balinaises. D'un tableau à l'autre on retrouve un style commun : peinture surchargée et caractère homérique. Le soir, c'est ce style que je retrouverai dans le spectacle de danse théâtrale. Le temps d'une heure, une quarantaine de figurants nous interprètent une pan de leur mythologie. Costumes soignées, chorégraphie tribale et chants incantatoires au programme. Dans la gestuelle, je retrouve quelques similitudes avec les danses maoris (mains toujours en mouvement et yeux exorbités). Une belle soirée pour clôturer ce volet culturel.







Bali à cette diversité culturelle à offrir et de riches paysages qui ne gâchent rien. Je conçois aisément qu'on s'y presse, mais la population touristique est, me semble-t-il, largement trop importante. En conséquence, les habitants, comme toujours dans ce cas là, s'adaptent et nous sollicitent constamment. C'est souvent le cas depuis le début de mon voyage mais j'ai rarement souvenir d'un tel harcèlement. C'est jamais agréable de se voir résumer à un statut de portefeuille en tongs. Cela reste malgré tout dans le domaine de l'acceptable. Ce qui l'est moins ce sont les arnaques qui se montent pour profiter de ces vacanciers. Et Bali semble bien placée dans le domaine. Je ne sais comment, mais lors d'un de mes retraits à un distributeur, mes données de carte bleu ont été piratées. L'avantage d'avoir une banque en ligne c'est d'avoir des alertes sur le potable en temps réel. C'est comme ça, qu'au réveil, j'ai découvert de nombreuses dépenses farfelues en dollar américain sur mon relevé de compte. J'ai immédiatement bloqué ma carte et contacté le support de la banque pour stopper l’hémorragie à quelques centaines d'euros. J'espère ne pas trop avoir à galérer pour récupérer les sommes. A suivre...

Je vais finir mon séjour balinais sur la côte est à Amed, petit village de pécheurs. Ici aussi les touristes affluent et donc ici aussi les locaux s'adaptent. On vient à Amed pour faire de la plongée (il y a deux épaves de bateaux). Je ne plonge pas, je me contenterai donc de flâner au bord de la plage de graviers gris et goûter l'eau de la mer de Bali. Je me serai bien aventurer dans le village (enfin dans la longue route qui longe la plage) pour découvrir la vie locale mais celle-ci ne me serait pas apparu très authentique. J'aime beaucoup les balinais, ils sont très gentils et serviables mais difficile d'établir avec eux autre chose qu'une relation mercantile. Mon bungalow donne sur la plage, et comme je suis matinal, j'ai pu observé de mon lit, au petit jour, vers les 5h, les pêcheurs mettre leur petites embarcations en bois à l'eau et partir en quête de poissons. Comme quoi finalement les scènes de vie locale peuvent venir quand même à nous...


En milieu de matinée je prendrai moi aussi la mer. Pas dans un petit bateau en bois mais dans un gros bateau à moteur, direction Lombok. Le temps que le shuttle fasse le tour des guesthousses pour rassembler les touristes, j'observe les balinais finir les préparatifs de la courte traversée. On nettoie le pont, on charge les premiers bagages et sur le toit j'observe un homme disposer les habituelles offrandes, les bénir et réciter des prières. Finalement, même en tendant inexorablement vers le business, Bali reste avant tout l'île des Dieux.


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2 commentaires:

  1. Putain sur la 7 on croirait Guillaume !

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    1. Ça va pas lui faire plaisir ;-)
      Je pensais que tu faisais allusion à une statue de Bouddha... mais non... salaud!

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